Le plan de gestion des eaux d’une mine est devenu un exemple de bonne pratique environnementale adoptée par les mineurs avant que la réglementation ne les y oblige. Le plan consiste à formuler des propositions pour améliorer la qualité des eaux s’écoulant depuis les mines qui risquerait de polluer les creeks. C’est ainsi qu’en janvier 2008, la SMT a mandaté les société Mine-R-Eaux Nord et AIME NC afin qu’elles réalisent un plan de gestion des eaux sur le site de Cap Bocage sur la commune de Houaïlou.
Ce plan de gestion des eaux nécessite au préalable la réalisation d’un état initial, sorte de photographie environnementale instantanée du site, afin de déterminer et de distinguer les surfaces érodées naturelles des surfaces exploitées par l’exploitant minier et de hiérarchiser les secteurs à gérer ou à réhabiliter. Cet état initial aboutit à la mise en place, dans les secteurs en exploitation et les pistes, de nouveaux réseaux de distribution des eaux de ruissellement ainsi que l’ouvrages de contrôle des sédiments. Suite à ce travail d’expertise environnementale, la SMT a sollicité une société de la région de Bâ, commune de Houaïlou, pour réaliser les premiers travaux environnementaux.
Dans le même esprit, les travaux de réhabilitation de la mine Maya, à Kouaoua, ont consisté pour l’essentiel à modifier les conditions de circulation des eaux sur zones dénudées et à les traiter avant rejet dans le milieu naturel. Cette mine, dite orpheline, était exploitée durant les années 70. Une étude générale sur l’ensemble des dégradations situées sur les massifs miniers en rive droite de la rivière Kwawa a conduit à retenir la réhabilitation de cette mine comme prioritaire. Les principales dégradations concernent les décharges des produits stériles poussés sur les flancs du massif. Sur ces zones de fortes pentes sont apparus des arrachements liés à une circulation non maîtrisée des écoulements sur les zones d’extraction et les pistes. Ces dégradations alimentent en matière solide les cours d’eaux situés en aval qui longent des zones d’habitation. Les travaux de terrassement ont débuté fin juin 2007 et ont été réceptionnés en août 2007. Une fois les travaux achevés, il faut entretenir les ouvrages sur une période de plusieurs années avant d’atteindre un équilibre. L’utilisation du scanner topographique de E.M.R. a permis de mesurer rapidement et en toute sécurité les capacités des bassins et de contrôler la bonne réalisation des ouvrages (pente des talus, déversoir efficace….). Avec une fréquence annuelle, ce levé permet de mesurer la consolidation des ouvrages et l’évolution du remplissage des différents bassins afin de décider des programmes d’entretien ou d’extension des ouvrages en fonction de leur tenue capacité résiduelle.
EN PASSANT PAR LES CREEKS
REPERE : LA DELIB 104
La «Délibération 104 » pour la réhabilitation des anciens sites miniers est un fonds financé par les exploitants miniers, permettant d’allouer des fonds aux communes pour réhabiliter des sites dégradés dans le cadre de l’exploitation minière passée. Ces fonds sont gérés par un comité de réhabilitation regroupant des représentants de la mairie, des services techniques provinciaux et gouvernementaux compétents en matière d’environnement (DIMENC, DAVAR, DENV notamment), et des acteurs locaux (exploitants miniers, administrés….)
L’exploitation minière passé a eu des impacts néfastes sur l’environnement, en particulier les cours d’eau. Un bon exemple est celui du creek Liliane, affluent de la rivière Tontouta. Ce cours d’eau est dominé par plusieurs anciennes mines exploitées dans les année 1960 (lors du boom minier) et délaissées depuis par leurs propriétaires, sans réel entretien ni protection environnementale. L’exploitation de la mine Liliane, sur un des versants de la vallée, a induit la formation de gros arrachements sur les flancs de la montagne, sources d’énormes quantités de terres et gravats aujourd’hui amassées dans la base vallée du creek Liliane (encombrements), et jusque dans la Tontouta.
Cet excédent de matériaux grossiers dans le creek induit depuis plus de 40 ans un sapement des berges du cours d’eau et des pieds de monts en période de crue. Ainsi, au fil du temps, le lit majeur du creek s’est élargi e la végétation rivulaire disparaît progressivement. Aujourd’hui, le lit mineur n’est plus marqué et le cours d’eau ressemble à une vaste plaine de cailloux à travers laquelle les écoulements d’eau sont anarchiques.
La première phase de la réhabilitation de la mine a débuté en 2007, par l’entreprise Max Foucher, d’après les études de faisabilité de la société Ingémine. Ces travaux ont consisté en une réouverture de la piste d’accès, une stabilisation de talus ainsi que la mise en place d’une gestion des eaux de ruissellement raisonnée. Ces travaux devraient être accompagnés prochainement par une revégétalisation de certaines zones de la mine. La société minière SMT (Groupe Ballande) a également participé au financement des travaux dans le cadre d’une campagne de sondages menée sur la mine.
Une fois la principale source de pollution du creek contrôlée (mine Liliane), la deuxième phase qui consiste à réaménager le creek lui-même a pu être lancée. Elle a été confiée au bureau d’études Mine-R-Eaux, depuis la conception du projet jusqu'au suivi des travaux. Les études ont consisté à réaliser un état des lieux détaillé (topographie détaillée, évolution spatio-temporelle, cartographie des dégradations, analyse des sources de pollution et des zones d’érotion) qui a permis ensuite de modéliser les écoulements d’eau sous le logiciel HEC RAS. Cette modélisation avait pour but d’évaluer les hauteurs d’eau et vitesses dans le lit du creek en fonction de l’intensité des crues. Sur la base de cette étude hydraulique, de dessins et de calculs informatisés, la projet d’aménagement a été conçu et optimisé pour répondre au mieux aux attentes des membres du Comité. L’approche choisie par la mairie de Boulouparis de traiter la source du problème ( la mine Liliane) puis ses conséquences (engravement du creek), dans la foulée, est la démarche idéale pour réduire significativement et durablement les pollutions et rendre un aspect paysager avenant à la zone. L’implication entière des autorités administratives (DIMENC, DENV, DAVAR) à toutes les étapes de la mission (cadrage de la mission, suivi et assistance lors de l’étude et conseils lors des travaux) a permis de réunir toutes les compétences locales en matière pour optimiser le projet.
Grâce aux opérations de reprofilage des cônes de déjection et du lit du creek, ainsi qu’au renforcement des berges, menées avec conviction par l’entreprise Max Foucher, ce projet pilot permettra d’ici fin 2008 de limiter le charriage des gravats en période de crue et les problèmes d’érosion et de pollution de l’eau induits.
JUSQU’AUX RECIFS
L’ensemble des actions présentées précédemment a pour conséquence commune de protéger notre lagon. Depuis son inscription au Patrimoine Mondial de l’Humanité, le renforcement de sa protection et de son suivi devient une priorité de fait. Aussi, il apparaît nécessaire de contrôler scientifiquement le lagon afin de vérifier la pertinence des actions réalisées sur mine.
C’est dans ce cadre que le suivi marin de KNS (Koniambo Nickel SAS) a été engagé. Il est conçu de telle sorte que les données recueillies au cours de chacune des phases de surveillance (phase pré-construction, phase de construction et phase d’exploitation) puissent être comparées afin de dégager facilement toute tendance qui pourrait en ressortir.
Deus types de surveillance sont réalisées conjointement : surveillance physico-chimique du milieu marin qui met principalement l’accent sur les aspects susceptibles d’influer sur la qualité de l’eau (par exemple, la turbidité, la concentration nutriment, les taux de sédimentation et turbidité, la concentration chimique des sédiments). Elle permettra de détecter rapidement les impacts pouvant se produire dans un très court laps de temps. L’autre type de surveillance, biologique, repose sur l’observation des organismes sur des sites reconnus comme étant des habitats marins sensibles de la zone d’étude. Il permettra de détecter les effets plus subtils qui pourraient se faire sentir à plus long terme.
La surveillance biologique intègre deux approches inter reliées. La première, appelée surveillance réactive, permet une détection rapide des impacts potentiels qui assure la mise en place de mesures de gestion appropriées. Cette approche fait appel à des techniques de surveillance visuelle à la fois simples et peu coûteuse pour détecter les signes avant-coureurs de stress écologique. Le cas échéant, la détection de ces indicateurs déclenche la mise en œuvre d’évaluation plus quantitatives qui, à leur tour, entraînent la recherche serait déclenchée à des seuils préétablis.
La deuxième approche consiste à surveiller les différents habitats de la zone d’étude (fond meubles, récifs coralliens, herbiers/algueraie et mangrove) afin d’y déceler d’éventuels changement en ce qui a trait à leur abondance ou leur structure (c'est-à-dire l’abondance relative des espèces individuelles ou des groupes fonctionnels). L’objectif de cette approche est de détecter les changements dans la structure des habitats sous surveillance, notamment un déclin de la couverture corallienne vivante totale, la transformation d’un habitat à dominante corallienne en habitat à dominante algale, une diminution de la biomasse des herbiers marins ou une diminution de la diversités.
Toutefois, malgré les plus grandes précautions, le risque zéro n’existe pas. Dans ce cas, la compensation d’un impact doit être recherchée. EMR a été sollicitée par KNS pour mettre en place des mesures compensatoires en vue de la préservation du corail impacté par les travaux de dragages liés à la construction des infrastructures portuaires du projet Koniambo. Une relocalisation (transplantation) de colonies coralliennes vivantes a alors été réalisée. Le projet consistait à déplacer 2000 colonies coralliennes (1950 de tailles petites et moyennes et 50 de grosses tailles) depuis le site du futur port de Vavouto vers deux sites de transplantation où elles seront préservées de tout impact lié à ces constructions.
Les coraux ont été collectés sur deux zones distinctes : le récif réticulé du futur bassin d’évitage et des pinacles coralliens du future chenal d’accès au port. Les sites de transplantation sont localisés de part et d’autre de la passe de Duroc : le site un étant situé au niveau du Grand Récif de Gatope et le site deux étant situé au niveau de Grand Récif de Koné.
La mission de terrain s’est déroulée pendant la saison fraîche (juillet 2008), période idéale pour la transplantation d’organismes récifaux, sur une durée totale de trois semaines et demie. Les manipulations ont consisté à prélever les coraux (manuellement ou à l’aide de mat »riel spécifique : scie et marteau piqueur hydraulique pour la collecte des colonies à transplanter), à les transporter par barge ( émergés, régulièrement arrosés et ombragés) ou tirés à l’arrière d’un bateau (immergés, à faible vitesse - des structures gonflables d’un volume de 1000 litres capables de soulever 1 tonnes jusqu’aux sites récepteurs, puis à les installer sur leur nouveau site d’accueil à l’aide de ciment ou déposés à même le substrat selon le poids des colonies et leur stabilité.
QU’EST-CE QU’EMR ?
E.M.R., filiale de la société Mine-R-Eaux, est une jeune société issue de la fusion de quatre entités reconnues en Nouvelle-Calédonie de part leurs compétences et l’expérience dans le milieu de la mine, mais également de l’environnement. Créée en 2008, elle regroupe aujourd’hui 22 personnes issues de :
- Mine-R-Eaux Nord, filiale de Mine-R-Eaux créée en 2006, spécialisée en environnement (eau, minier et milieu marin et la maîtrise d’œuvre de travaux environnementaux ;
- AIME NC créée en 2001, spécialisée en environnement et réhabilitation minière auprès notamment des collectivités et des sociétés minières ;
- RDCIM créé en 2003, bureau d’ingénierie en mine et carrière auprès des grandes sociétés de la place ; représentant de la société MAPTEK Australie ;
- Sabrina Virly Consultant traitant des problématiques de ressources et environnements marins.